samedi 5 janvier 2013

Et au pire, on se mariera / La mèche







Résumé de l'éditeur: 


Avant de rencontrer Baz, Aïcha était tout le temps enragée. Elle traînait son enfance brisée en essayant d’éviter sa mère, les vieux puants et les seringues usées du parc. Maintenant qu’elle est amoureuse, elle voit les balançoires dans les parcs de Centre-Sud. Voilà pourquoi, pour Baz, Aïcha ferait tout, même le pire. Tout, c’est ce qu’elle doit raconter à cette femme qui la regarde comme une page de faits divers. Mais suivre le récit d’Aïcha, c’est entrer dans un labyrinthe           pour s’y perdre autant qu’elle. Une confrontation déchirante et drôle où l’émotion court. La langue à fleur de peau de Et au pire, on se mariera se trouve à la croisée du romanesque, du théâtre de rue et de la déposition.


Sophie Bienvenu


« Quelqu’un lira dans Et au pire, on se mariera l’histoire d’une mésadaptée socio-affective, un autre y verra un message social… peut-être un dernier m’accusera de faire l’apologie de la pédophilie. L’un de ceux-là aura raison. Mais comme le manichéisme m’énerve, je ne vous dirai pas lequel. » – Sophie Bienvenu





Critique : 

L'ambiguïté d'un discours, Sophie Bienvenu maîtrise cela à la perfection. L'histoire du roman Au pire, on se mariera n'est concentrée que sur le discours du personnage homodiégétique (Je), Aïcha, envers une travailleuse sociale. Tout le problème d'un témoignage d'une petite fille aux prises dans une situation grave c'est la subjectivité; tous les enfants mentiront s’ils se font prendre à faire une bêtise. Ce qui ajoute à ce facteur, c'est qu'on ne connaît pas la petite fille, on doit donc se contenter de ce qui se retrouve dans le roman. 
Sophie Bienvenu a très bien joué sur cette réalité de narrateur-narrataire, nous laissant toujours dans le doute avec nos questions.

 On découvre l'intrigue au même rythme que Aïcha veut bien nous dévoiler les éléments qui l'entourent. Elle peut avoir 18, 15,16 et 9 ans, on ne le sait jamais vraiment, ni si sa mère est une bonne femme ou une femme complètement irresponsable. Il y a, à la fois la réalité et le mensonge d'énoncés : « Si je savais où est Baz, penses-tu vraiment que je serais-là? Ben... ouin... p'tête que je serais là, mais tout cas. Tu comprends ce que je veux dire. Ou pas. Des fois, j'ai l'impression que tu parles dans une langue. » 


Ce qui m'a agacé un peu, c'est que le flou autour des personnages est parfois si grand qu'on a de la difficulté à tracer une sémiologie des personnages efficace. On ne sait, ni l'âge exact de Baz, ni sa situation civile, ce qui me semble être un frein à l'émotion que veut faire ressentir l'auteur. J'ai lu quelques critiques sur le roman disant qu'il fait du bien de lire « le point de vue de la victime », alors que j'ai, moi, une réticence à dire que Aïcha est une victime dans l'histoire entre elle et Baz. L'ambiguïté du discours est trop grande pour que je veuille prendre position; comme nous l'a fait remarquer l'auteur dans le commentaire de son oeuvre. 

Le deuxième aspect qui m'a agacé un peu est que cette narration me semble parfois un peu irréelle. Je n'ai aucun doute sur le fait que les enfants d'aujourd'hui ont plus de « gueule » que ceux d'autres générations, mais parfois il me semble que ce style est un peu poussé par l'auteur. Somme toute, ce style d’écriture donne une narration « coup de poing » au roman et une certaine « urgence » aux dires du personnage. « Pourquoi ce n’est jamais la fin du monde, dans Centre-Sud, hein? Me semble qu'on mériterait ça, une fin du monde. Enfin moi, je mériterais ça. Pas que je veux mourir, hein! Mais ça fait une bonne excuse pour fourrer. »

Certains disent que le ton semble emprunté pour ce troisième roman. Personnellement, je crois que Sophie Bienvenu a pu s'attaquer à un thème et une façon de s’exprimer que l'écriture de son précédent roman pour adolescents ne lui permettait pas. 

Note du rédacteur 4/5 

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