lundi 16 septembre 2013

Le sel de la Terre/ Documents / Nouveau Projet



Samuel Archibald 
L'auteur: 
Professeur au Département d’études littéraires de l’UQAM, Samuel Archibald est entre autres l’auteur d’Arvida, qui a remporté le Prix des libraires du Québec 2012. Crédit 


La critique: 


À la moitié de l'essai, je suis allé rejoindre ma femme pour la coller 5 bonne minutes

Au trois quarts du livre, je suis sortie de mon lit dans l'assurance que je n'arriverais pas à me rendormir

À la fin de l'ouvrage, j'ai callé ce qui me restait de camomille sans être nécessairement plus détendu, voir rassuré.


C'est un peu comme ça que j'ai décidé de reprendre Prosediesel, dans le confort de la beauté d'un auteur plus très méconnu de la chainsaw.

J'ai 22 ans, je suis marié pour avoir des prêts et bourse (mes parents gagnent «trop») et j'étudie en littérature, cet ouvrage ne pouvait que m'atteindre.

En sept confessions Archibald donne un portrait de la classse moyenne dont il fait partie en la critiquant et la testant à l'aide de souvenirs d'enfance ou de statistiques plus révélatrices parfois que la langue de bois des politiciens en quête de votes.

« Mon grand-père Archibald aimait Trudeau et Bourassa d'amour; mon grand-père Lévesque n'en avait que pour son lointain cousin René, pour Parizeau et pour Landry. Mon grand-père Archibald prenait pour les Canadiens; mon grand-père Lévesque, pour les Nordiques. [...] Les deux hommes partageaient cependant deux valeurs. La première était l'éducation. [...] Il fait bon se rappeler : quand la classe moyenne québécoise ne s'entendait sur rien, elle s'entendait la dessus -de l'éducation dépendait son avenir.»

Il y a aussi des côtés plus personnels, avec les inquiétudes du quotidien qui rejoignent un peu tout le monde, sans nécessairement qu'on veuille le reconnaître.

«Je trouve tout à coup que j'ai du cash en trop, je le dépense en livres ou en scotch, puis je me rappele deux heures après pourquoi je l'avais mis de côté. J'arrive au temps de l'impôt, je regarde mon T4 pis je me demande où tous ces beaux dollars sont allés. J'ai honte d'en parler devant mon grand-père, devant ma mère, devant tous mes amis qui sont bons avec l'argent, sérieux, économes, prévoyants. Je fais de mon mieux, pour m'améliorer et je me répète que je vais devenir un vrai homme, un jour, dans mes finances.»

Entre les confessions, il y a les coups de gueule, les invectives et les considérations.

«Ce n'était déjà pas gratis étudier, dans ce temps-là : c'était même un choix très couteux, à moyen terme. À 24 ans, tu as commencé à cotiser à des REER; moi, j'ai déclaré des revenus de 8000$. À 27 ans, tu as acheté ta première maison; moi, je devais a peu près 50 000$ pis j'étais même pas propriétaire de ma machine à café. Je n'ai jamais fait plus de 20 000$ avant d'avoir 30 ans. Même après ça, quand j'ai eu un poste et que j'ai commencé à gagner 60 000$ par année, j'avais tellement de dettes à rembourser que je suis resté autant dans la dèche qu'à la vingtaine. [...] Si j'ai marché dans les rues au printemps 2012, c'est parce que je pense que tous les enfants de la classe moyenne comme toi et moi devraient avoir une chance de faire ce qu'ils veulent dans la vie. Moi, je suis chanceux. Peu importe le semi-dégel ou l'indexation ou l'incitation à la performance ou je-sais-pas-quel mot niaiseux qu'ils vont inventer pour finalement trouver le moyen de passer une hausse aux étudiants, mes enfants devraient pouvoir faire les études de leur choix.
Mais les tiens?»


J'ai pas dit grand-chose en bout de compte sur ce livre, peut-être parce qu'il dit un peu tout.
Je ne sais pas c'est quoi avoir des enfants, devoir prévoir l'épicerie pour quatre, ni avoir un emploi stable, mais cet essai ma tout de même rejoint quand je pense à mes parents et à mes grand-parents qui ont travailler dur pour une bonne job et que leurs enfants se rendent à l'université.



note du critique 5/5