mardi 26 mars 2013

Boumeries t.1/ t.2 / auto-édition

Boumeries / Boum (Samantha Leriche-Gionet) 





L'auteure : Samantha Leriche-Gionet accumule les papiers d'animation depuis neuf ans, armée de son diplôme d'études collégiales en Dessin animé et de son baccalauréat en Animation de films obtenu à l'université Concordia.
Ses courts-métrages étudiants ont été présentés dans plus de soixante festivals, tels que le Festival international du film d'animation d'Annecy, le Festival international d'animation d'Ottawa, Fantoche Int'l Animation Festival, DOK Leipzig, Anima Mundi, Chicago Int'l Children's Film Festival, Int'l Short Film Festival Oberhausen, les Rencontres Internationales du Cinéma d'Animation de Wissembourg, Cinanima et les Sommets de l'Animation de Montréal, et fait le tour du monde en passant par les États-Unis, la France, l'Inde, l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, le Portugal, l'Irlande, la Corée du Sud, la République tchèque, le Brésil, le Royaume-Uni et le Canada.
Ses travaux illustrés ont été publiés dans des artbooks tels que CFSL, COLORS Charity Artbook, Drawgasmic, SUGAR NINJAS, ERRI et Domestic Etch, et dans des recueils de bandes dessinées comme MERURE tomes 1, 2 et 3. Elle a également participé à des expositions collectives, notamment Drawgasmic (St. Louis, É-U) et l'Hommage à Sky Doll (Montréal, Canada).
Récemment, elle s'est mise à apprécier le linge des années quatre-vingt (probablement plus qu'elle ne le devrait), à traîner dans les photomatons de plus en plus, à arborer des coiffures bizarres, des chapeaux de Boy George et des chaussures aqua juste pour embêter sa mère, et à se bourrer de gelato au chocolat en tant que récompense d'un travail bien fait.
Elle vit et travaille présentement dans l'est de Montréal, Canada avec son amoureux coloc Pierre-Luc.


Mise au point : Avant de rédiger cette critique, il m'apparaissait important de spécifier la catégorisation que je fais en sous-genre de la B.D. Je suis de ceux qui voient une différence  dans le genre entre une bande dessinée et un roman graphique. Un roman graphique est pour moi une histoire contée en plusieurs pages , par exemple Maus,V for Vendetta ou Blankets.  Une bande dessinée est, elle, un ensemble de petite histoire en bandes qui ne constitue par l'ensemble du livre même s’il peut y avoir une résurgence de thèmes et de personnages. Cependant, il ne faut pas se fier à la forme pour définir les sous-genres, car Tintin ou Asterix serait pour moi un roman graphique et Gaston la gaffe ou Garfield une BD. D'autant plus, que nous pouvons retrouver des bds dans un autre modèle que cartonné, par exemple : les Notes de Boulet ou Yves, le roi de la cruise.  Ceci est bien sur ma sorte de traduction des catégories du genre soumises par la réalité américaine et qui est parfois dure à expliquer vu qu'un des sous-genres porte le même nom que le genre principal. Cette distinction ne réside pas dans la linguistique, car pour moi une histoire de super héros est un comics. Ceci dit, il vous sera plus appréciable de comprendre mon raisonnement quand je parle de ce genre dans mes critiques.  
-Un simple clic pour agrandir les images- 




Critique :
 J'avais beaucoup aimé la lecture du roman graphique La petite révolution publiée chez Frond Froid. Récipiendaire du premier concours lancé par la maison d'édition, elle a vu son histoire publiée et rapidement appréciée par le milieu au Québec. Mais cette critique ne parlera pas de ce roman graphique, mais «le à côté» de l'auteure, deux petites bds publiées respectivement en 2011 et 2012. La différence entre La petite révolution  et Les boumeries est majeure, il n'y a aucune ressemblance dans le propos, la forme ou le style de dessin, ce qui est surprenant. Les deux ouvrages  Les boumeries sont des b.ds autofictionnelles tirées du blogue de l'auteure où elle raconte des événements de sa vie quotidienne. C'est en fait toute la force des scénarios qui rend les petites histoires si intéressantes.


 

Le matériel qu'elle utilise consiste en son côté geek, ses rêves, ses obsessions, sa vie de couple et son environnement  de travailleuse à la maison, toutes situations qui pourraient  paraître banales au premier abord, mais se transforme vite en petits moments dramatiques ou ludiques. Les références aux jeux vidéos m'ont fait particulièrement rire, car elles renvoyaient à un côté geek qui me rappelait parfois Boulet, un autre bédéiste que j'affectionne beaucoup. Souvent, elle explique aussi les situations, ou les jeux vidéos, pour être certaine que la compréhension soit faite. 




Je crois que comme Boulet, c'est surtout le caractère attachant du personnage avec ses petites lubies qui rendent si intéressantes les b.ds. Le fait que l'obsession pour des toilettes nous soit toujours racontée et qu'elle atteigne même ses rêves rend au paroxysme l'invraisemblable et l'humour de la situation.  Rajoutez à ça la capacité de l'auteure de minimaliser une histoire en trois cases ( généralement) et vous avez le genre de bds que j'adore. 



Vous pouvez la lire ici (en anglais) 
Note du critique 5/5 (j'ai ris encore en la relisant pour la critique.) 



dimanche 17 mars 2013

Mises à mort/ Marchand de feuille



Mises à mort- Suzanne Myre


Suzanne Myre a écrit le roman Dans sa bulle et cinq recueils de nouvelles. Elle a été lauréate du Grand Prix littéraire Radio-Canada et du prix Adrienne-Choquette avec Nouvelles d’autres mères. Contrairement à certains de ses recueils où un même personnage pouvait refaire surface quelques nouvelles plus loin, les histoires sont indépendantes les unes des autres dans Mises à mort. On peut donc baigner dans des univers variés où l’on nous sert l’intimité d’une personne et ses réflexions aussi drôles, sombres ou touchantes soient-elles. On vise l’authenticité et les formulations sont superbes.

(…) le temps que maman revienne de l’hôpital où elle s’est fait opérer pour se faire « tout ôter » comme elle le dit. Je me demande bien de quoi elle aura l’air à son retour, s’il ne lui reste plus rien.

L’auteure pointe les travers humains avec bonheur et n’épargne ni les adultes ni les enfants. Dans l’extrait suivant, une petite sœur est jalouse de la nouvelle blonde de son grand frère.

Je lui ai dit qu’elle ressemblait à Kate Moss, elle a répondu en souriant qu’elle se demandait si c’était un compliment. (…) Arnaud m’a envoyé un haussement de sourcils furieux, alors j’ai dit que bien oui, voyons, Kate Moss était parfaite même si légèrement anorexique et droguée et j’ai encore eu droit au coup des sourcils.

Le titre souligne l’exploration de la mort sous diverses formes : celle d’un proche, d’un chat, d’une voleuse hypnotiseuse, d’un cycliste, d’un amour impossible, etc. On passe du malaise au rire grâce à une écriture habile et surprenante. La signature de l’auteure : un regard cynique et un réalisme dans les relations interpersonnelles qu’elle dépeint. Malgré le titre et la couverture ensanglantée, le recueil fait sourire bien plus souvent qu’il attriste.

Note de la critique : 4/5

jeudi 14 mars 2013

Glorieux Printemps/ Pow Pow



Glorieux Printemps 1 et 2 






Résumer de l'éditeur tome 1 : 
Émilie n’a d’yeux que pour la nuque de Raphaël, mais c’est plutôt l’excentrique Antoine qui la suit partout. Pendant ce temps, Micheline est folle des beaux mollets de son âme sœur, et Mathieu observe de très loin la trop parfaite Andréanne. Bref, vous voyez le genre.

Résumer de l'éditeur tome 2 : 

La fin de l’année scolaire approche. Émilie s’imagine tranquille dans son emploi d’été. Ce qui ne sera le cas ni pour elle, ni pour Micheline. Et contrairement à Antoine, Mathieu ne sait pas ce qu’il veut. Bref, on pensait s’ennuyer.
L'auteur :
Sophie Bédard vient de terminer un DEC en graphisme, et s’est fait refuser à l’université où elle voulait aller. Elle a donc décidé de, tiens, prendre une année sabbatique pour réfléchir à son avenir. Sauf que là, à la place, elle perd son temps à faire de la bande dessinée.
Critique : 

Pendant ma semaine de relâche, j'ai pu enfin lire la dernière sortie de POW POW Glorieux Printemps; au même moment où l'auteur est dans les nominations aux Bédéis Causa 2013.
Il fait du bien de voir une histoire d'adolescent au Québec qui se passe réellement dans une école. Plus souvent, il me semble, les histoires sur les étudiants se passent généralement dans les pauses ou les vacances d'été; en tête il me vient Scott Pilgrim et Blankets. Alors que là, nous fréquentons la dure réalité des examens, des études de math 436, des jobs d'été et des kicks passagés.  

C'est dans le langage d'adolescent-e-s d'aujourd'hui et avec des dessins épurés que  Sophie Bédard  nous apporte à la fois de l'humour et un brin de cynisme sur les relations qu'on entretien à cet âge. Âgé de seulement 21 ans, l'auteur rend avec justesse le milieu scolaire qu'a vécu ma génération. Elle le fait sans clichés n'y exagérations, et s’il y en a, elles ne sont pas d'une énormité flagrante.   


En lisant ces deux bds, nous aimons rire de nous et de notre passé d'adolescent-e. Le dialogue bien placé, et ne tenant souvent qu'à quelques mots , nous fait rire et nous accroche rapidement. Ce que j'ai surtout aimé c'est que l'auteur n'a pas peur d'user de référents modernes comme facebook, ce que des fois les auteurs rebutent. 

Une bonne lecture de vacance.  

Qui dit qu'il n'y a rien en bd au Québec? 



dimanche 3 mars 2013

La Célibataire/ Michel Lafond


La Célibataire India Desjardins et Magalie Foutrier



On connaît India Desjardins pour sa série jeunesse Aurélie Laflamme et aussi un roman de chick-lit Les aventures d’India Jones. Magalie Foutrier est une illustratrice française qui œuvre pour la presse et la publicité. Une bonne équipe pour représenter le décor urbain, le côté limite superficiel et la candeur du personnage trentenaire. Les dessins du genre magazine féminin sont fort jolis, et les expressions des personnages en disent long. Il arrive même qu’on trouve des gags uniquement visuels.

La BD se lit vite, on ne s’ennuie pas une seconde. Il y a généralement un gag par page, mais parfois davantage. On aborde quelques clichés comme la consommation de crème glacée ou l’ouverture difficile de pots, n’empêche qu’il y a aussi de sacrées trouvailles. Les malentendus entre la célibataire et son docteur dreamy sont tordants. Les comparaisons douteuses entre un rendez-vous galant et une entrevue ou bien un western et une rupture sont rigolotes aussi.

La célibataire n’est pas juste fine et naïve, elle a aussi une bonne dose de mauvaise foi et sa vie est pleine d’ironie. Autant, elle ne veut pas être une victime et tente de profiter de son célibat au maximum, autant, elle flirte à qui mieux mieux dans les gyms et se tient dans le même bar que son ex pour lui montrer à quel point elle rayonne sans lui.

Ici, un extrait d’une rêverie qu’elle a au gym, pensant que si elle s’entraîne assez, son ex lui dira : Wow! T’es super belle! Est-ce que tu t’entraînes? Et elle de lui répondre : Non, j’ai toujours été comme ça, c’est juste que tu ne t’en rendais pas compte!

Lors de la Saint-Valentin, elle nous confie son truc pour le pas déprimer. Il suffit d’appeler une amie en couple, qui nous parlera de sa sortie au resto pour l’occasion. Vous lancez d’un ton surpris/snobinard : « Quoi?! C’est la Saint-Valentin aujourd’hui? Je ne savais pas que tu fêtais çââââ?! C’est tellement quétaine et commercial! »

India Desjardins a le sens du punch et sait se moquer du célibat avec brio. Magalie Foutrier a le dessin simple, précis et percutant. On rit de la célibataire, puis on s’identifie un peu à ses niaiseries et on rit… de soi-même. 

Note de la critique : 4/5