dimanche 29 décembre 2013

top 5 2013


Livres dont je parle : 

Les novellas du Quartanier :http://www.lequartanier.com/serienova.htm

Poulet grain-grain François samson-dunlop, Alexandre Fontaine Rousseau,  La mauvaise-tête  http://www.mauvaisetete.com/?p=49

Maison des Jeunes, Collectif, Les éditions de ta mère,
http://www.tamere.org/nos-livres/maison-des-jeunes/

Croquis de Québec,Guy Delisle, Pow-pow
http://editionspowpow.com/2013/08/21/croquis-de-quebec/

Aiming for the gut, Jean-Sébastien Larouche, Mivil Deschênes, L'oie de cravan
http://www.oiedecravan.com/cat/catalogue.php


samedi 30 novembre 2013

Cavalcade en cyclorama / Le Quartanier

L'auteur: 

Né en 1980 à Saint-Hyacinthe, Marc-Antoine K. Phaneuf vit à Montréal et partage son temps entre l'art actuel, la littérature, la performance et la musique électroacoustique.



Résumé: 

Cavalcade en cyclorama, lister des éléments qui ont un lien entre eux, même ténu, même absurde, ne jamais s’arrêter, ne jamais se répéter, comme dans Freeing the Memory (1976) de Marina Abramovic, une suite de mots, un fil continu, sans fil conducteur, un conducteur de locomotive, un chemin de fer, suivre la track, dérailler, perdre la carte, déparler, ne plus faire sens, sauter du coq à l’âne, cocorico, de l’humour con, un poème idiot, écrit en public en huit jours, par Marc-Antoine K. Phaneuf. 



Critique: 



lundi 16 septembre 2013

Le sel de la Terre/ Documents / Nouveau Projet



Samuel Archibald 
L'auteur: 
Professeur au Département d’études littéraires de l’UQAM, Samuel Archibald est entre autres l’auteur d’Arvida, qui a remporté le Prix des libraires du Québec 2012. Crédit 


La critique: 


À la moitié de l'essai, je suis allé rejoindre ma femme pour la coller 5 bonne minutes

Au trois quarts du livre, je suis sortie de mon lit dans l'assurance que je n'arriverais pas à me rendormir

À la fin de l'ouvrage, j'ai callé ce qui me restait de camomille sans être nécessairement plus détendu, voir rassuré.


C'est un peu comme ça que j'ai décidé de reprendre Prosediesel, dans le confort de la beauté d'un auteur plus très méconnu de la chainsaw.

J'ai 22 ans, je suis marié pour avoir des prêts et bourse (mes parents gagnent «trop») et j'étudie en littérature, cet ouvrage ne pouvait que m'atteindre.

En sept confessions Archibald donne un portrait de la classse moyenne dont il fait partie en la critiquant et la testant à l'aide de souvenirs d'enfance ou de statistiques plus révélatrices parfois que la langue de bois des politiciens en quête de votes.

« Mon grand-père Archibald aimait Trudeau et Bourassa d'amour; mon grand-père Lévesque n'en avait que pour son lointain cousin René, pour Parizeau et pour Landry. Mon grand-père Archibald prenait pour les Canadiens; mon grand-père Lévesque, pour les Nordiques. [...] Les deux hommes partageaient cependant deux valeurs. La première était l'éducation. [...] Il fait bon se rappeler : quand la classe moyenne québécoise ne s'entendait sur rien, elle s'entendait la dessus -de l'éducation dépendait son avenir.»

Il y a aussi des côtés plus personnels, avec les inquiétudes du quotidien qui rejoignent un peu tout le monde, sans nécessairement qu'on veuille le reconnaître.

«Je trouve tout à coup que j'ai du cash en trop, je le dépense en livres ou en scotch, puis je me rappele deux heures après pourquoi je l'avais mis de côté. J'arrive au temps de l'impôt, je regarde mon T4 pis je me demande où tous ces beaux dollars sont allés. J'ai honte d'en parler devant mon grand-père, devant ma mère, devant tous mes amis qui sont bons avec l'argent, sérieux, économes, prévoyants. Je fais de mon mieux, pour m'améliorer et je me répète que je vais devenir un vrai homme, un jour, dans mes finances.»

Entre les confessions, il y a les coups de gueule, les invectives et les considérations.

«Ce n'était déjà pas gratis étudier, dans ce temps-là : c'était même un choix très couteux, à moyen terme. À 24 ans, tu as commencé à cotiser à des REER; moi, j'ai déclaré des revenus de 8000$. À 27 ans, tu as acheté ta première maison; moi, je devais a peu près 50 000$ pis j'étais même pas propriétaire de ma machine à café. Je n'ai jamais fait plus de 20 000$ avant d'avoir 30 ans. Même après ça, quand j'ai eu un poste et que j'ai commencé à gagner 60 000$ par année, j'avais tellement de dettes à rembourser que je suis resté autant dans la dèche qu'à la vingtaine. [...] Si j'ai marché dans les rues au printemps 2012, c'est parce que je pense que tous les enfants de la classe moyenne comme toi et moi devraient avoir une chance de faire ce qu'ils veulent dans la vie. Moi, je suis chanceux. Peu importe le semi-dégel ou l'indexation ou l'incitation à la performance ou je-sais-pas-quel mot niaiseux qu'ils vont inventer pour finalement trouver le moyen de passer une hausse aux étudiants, mes enfants devraient pouvoir faire les études de leur choix.
Mais les tiens?»


J'ai pas dit grand-chose en bout de compte sur ce livre, peut-être parce qu'il dit un peu tout.
Je ne sais pas c'est quoi avoir des enfants, devoir prévoir l'épicerie pour quatre, ni avoir un emploi stable, mais cet essai ma tout de même rejoint quand je pense à mes parents et à mes grand-parents qui ont travailler dur pour une bonne job et que leurs enfants se rendent à l'université.



note du critique 5/5







samedi 1 juin 2013

Radisson/Glénat





Voilà une bande dessinée à teneur historique qui nous rappelle l’époque de la Nouvelle-France et des guerres entre Français, Algonquins et Hurons contre les Iroquois. Jean-Sébastien Bérubé s’est inspiré de l’autobiographie de Pierre-Esprit Radisson pour la réaliser. 

Pierre-Esprit est un jeune Français qui décide de sortir chasser avec ses amis malgré l’interdiction du Gouverneur. Alors que ses amis sont tués, il se fait capturer par les Iroquois, qui remarquent sa bravoure et l’adoptent. Une mère iroquoise ayant perdu son garçon le traitera comme son propre fils. Il apprendra les us et coutumes du peuple et sera très apprécié. Malgré leur bel accueil, il continuera à se sentir prisonnier et à planifier son évasion.

Au début de l’aventure, on croit presque à un syndrome de Stockholm, puisque Radisson semble très bien s’adapter à sa nouvelle famille, plutôt aimante. Je n’ai pas complètement saisi comment le personnage passe d’un relatif bien-être à la décision de se sauver. Cela fait sans doute partie de sa complexité et de son côté aventurier. 

Le peuple iroquois, parfois cruel et guerrier (ils ont comme réputation de manger le cœur de l’ennemi), s’avère paradoxalement d’une grande générosité avec Radisson et fait montre d’un grand esprit communautaire. N’empêche qu’une première tentative d’évasion nous montrera que la trahison est sévèrement punie. Mais il s’agit d’un personnage plus grand que nature et encore trois bandes dessinées lui sont consacrées, donc pour notre plus grand plaisir, il n’est pas au bout de ses peines.

Un volet éducatif est présent. On apprend que le terme « Iroquois » n’était employé que par leurs ennemis, car il signifie « serpent à sonnettes » ou « langue de serpent » en algonquin. « Hodinossonis » était le terme utilisé, soit ceux qui habitent dans les maisons longues. Et que dire de Mohawk qui signifiait « mangeurs d’hommes »… Cela a de quoi frapper l’imaginaire. Dans des paysages magnifiques, on découvre les objets traditionnels et les habitations d’antan. On sent qu’une bonne recherche historique a été faite. C'est l'occasion de se plonger dans l'aventure, de s'amuser et d'en apprendre sur nos ancêtres.

Note de la critique:
3,5/5

mardi 21 mai 2013

Épique/ éditions marchand de feuilles


Le premier roman de William S. Messier, originaire de Cowansville, était Townships, en 2009. Le deuxième, Épique, c’est du bonbon. Étienne, blasé de son emploi où il scanne des items dans un entrepôt pharmaceutique, quitte son travail en emportant avec lui le gant lecteur de code-barre. Il essaiera de connaître l’essence des choses à l’aide du gant tout au long de cet été où il sera embauché comme assistant-équarrisseur pigiste (ramasseur de charognes) dans la région de Brome-Missisquoi. Par exemple, une note du centre d’emploi scannée indique 120 ml de Pepto-Bismol. Plutôt amusant comme procédé.

Étienne devra apprivoiser Jacques Prud’Homme, son collègue, une légende locale plutôt intimidante. Dans l’économie de rasage de mourir, un gars comme Prud’Homme serait multimilliardaire. Ce qui est vrai à son propos, on n’en est pas certain, ça fait partie du folklore local. Le sujet est original puisqu’on aborde un métier peu connu qui nous permet de découvrir le territoire et ses héros ordinaires. On oscille entre le récit et l’imaginaire, comme avec le gant qui peut scanner les êtres vivants ou les légendes sur les exploits de Jacques Prud’Homme.

Les jeunes adultes sont attachants, naïfs et excentriques. Les dialogues philosophiques geek entre Étienne et son amie Valvoline (costaude et non grosse, précise-t-il) sur la préférence entre le pouvoir de voler ou celui d'être invisible sont rigolos. Étienne fait aussi souvent allusion à la théorie de la relativité d’Einstein pour tenter d’accélérer le temps dans les moments ennuyeux. C'est truffé de belles réflexions absurdes.

Le sens de la dérision de l’auteur fait tout l’intérêt du livre. Par exemple dans cette visite chez Sanimal, une entreprise qui trie les carcasses chez laquelle Étienne et Jacques vont porter leurs trouvailles :  Les quelques employés qui sifflotaient l’air de «Oops! I Did It Again» en triant les carcasses (…) ne pouvaient être que des psychopathes.

Étienne déteste qu’on lui demande ce qu’il veut faire dans la vie, par contre, il prend son rôle d’équarrisseur très au sérieux lors de cet été où un nombre incroyable de carcasses doivent être ramassées le même jour et où la pluie dure cinq longues semaines. De là le titre Épique. Une lecture rafraîchissante pendant laquelle le sourire s’agrandit au fil des pages.

Note de la rédactrice: 4/5

dimanche 7 avril 2013

J'ai eu peur d'un quartier autrefois / Hurtubise


Patrick Drolet est connu en tant qu’acteur, mais il est aussi l’auteur du recueil poétique Un souvenir ainsi qu’un corps solide ont plusieurs tons de noirceur et du roman J’ai eu peur d’un quartier autrefois.

La déroutante histoire de ce court roman est faite d’images fortes et de descriptions étranges. De nombreuses personnalisations rendent le récit vivant. La porte d’entrée était figée dans son cadre. Elle semblait vouloir pleurer l’humidité par ses pores. L’homme est plus intéressé par les objets que par les gens, dont il se tient loin. Il craint autant de répondre à l’enfant qui fait du porte-à-porte que de tenir une conversation avec un chauffeur de taxi. Une solitude profonde l’habite, mais elle est désirée.

Au début, la mort violente du voisin semble déclencher ses angoisses et une peur de l’extérieur. Puis on découvre que l’homme correspondait avec un prête qu’il avait connu au collège, mais cela a été interrompu dans des circonstances nébuleuses qu’il décide d’éclaircir pour n’en revenir que plus troublé. Le seul moment où le réel prend davantage le dessus est lors de l’évocation des souvenirs du collège. Le reste du temps, on dépeint un imaginaire trouble où paranoïa et divagations sont omniprésentes. Le récit, à la première personne, révèle les cauchemars éveillés et les pensées intimes de l’homme.

Pendant ma lecture, il m’est revenu en tête un classique, Le Horla de Maupassant, à cause de l’ambiance angoissante de l’histoire laissant imaginer que soit le personnage est fou, soit il perçoit une dimension terrorisante et invisible pour le commun des mortels. Par exemple, un jour, il observe une voiture qui ne lui renvoie pas son reflet et il entre en contact avec elle. J’arrivais à présent à sentir l’historique de la voiture, sa naissance en banlieue de Detroit, son premier maître, un médecin de Pittsburgh, qui s’était suicidé à l’intérieur d’elle en s’asphyxiant avec un sac de plastique. Il prétend aussi percevoir une ombre cannibale qui rôde, un charmant synonyme pour la Faucheuse.

L’univers menaçant intrigue, fascine et déstabilise. On se laisse prendre au jeu non sans une certaine confusion. Est-ce qu’on a du plaisir pendant le voyage même s’il n’y a pas forcément de destination précise? Tout à fait.

Note de la rédactrice : 3,5/5

mardi 26 mars 2013

Boumeries t.1/ t.2 / auto-édition

Boumeries / Boum (Samantha Leriche-Gionet) 





L'auteure : Samantha Leriche-Gionet accumule les papiers d'animation depuis neuf ans, armée de son diplôme d'études collégiales en Dessin animé et de son baccalauréat en Animation de films obtenu à l'université Concordia.
Ses courts-métrages étudiants ont été présentés dans plus de soixante festivals, tels que le Festival international du film d'animation d'Annecy, le Festival international d'animation d'Ottawa, Fantoche Int'l Animation Festival, DOK Leipzig, Anima Mundi, Chicago Int'l Children's Film Festival, Int'l Short Film Festival Oberhausen, les Rencontres Internationales du Cinéma d'Animation de Wissembourg, Cinanima et les Sommets de l'Animation de Montréal, et fait le tour du monde en passant par les États-Unis, la France, l'Inde, l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, le Portugal, l'Irlande, la Corée du Sud, la République tchèque, le Brésil, le Royaume-Uni et le Canada.
Ses travaux illustrés ont été publiés dans des artbooks tels que CFSL, COLORS Charity Artbook, Drawgasmic, SUGAR NINJAS, ERRI et Domestic Etch, et dans des recueils de bandes dessinées comme MERURE tomes 1, 2 et 3. Elle a également participé à des expositions collectives, notamment Drawgasmic (St. Louis, É-U) et l'Hommage à Sky Doll (Montréal, Canada).
Récemment, elle s'est mise à apprécier le linge des années quatre-vingt (probablement plus qu'elle ne le devrait), à traîner dans les photomatons de plus en plus, à arborer des coiffures bizarres, des chapeaux de Boy George et des chaussures aqua juste pour embêter sa mère, et à se bourrer de gelato au chocolat en tant que récompense d'un travail bien fait.
Elle vit et travaille présentement dans l'est de Montréal, Canada avec son amoureux coloc Pierre-Luc.


Mise au point : Avant de rédiger cette critique, il m'apparaissait important de spécifier la catégorisation que je fais en sous-genre de la B.D. Je suis de ceux qui voient une différence  dans le genre entre une bande dessinée et un roman graphique. Un roman graphique est pour moi une histoire contée en plusieurs pages , par exemple Maus,V for Vendetta ou Blankets.  Une bande dessinée est, elle, un ensemble de petite histoire en bandes qui ne constitue par l'ensemble du livre même s’il peut y avoir une résurgence de thèmes et de personnages. Cependant, il ne faut pas se fier à la forme pour définir les sous-genres, car Tintin ou Asterix serait pour moi un roman graphique et Gaston la gaffe ou Garfield une BD. D'autant plus, que nous pouvons retrouver des bds dans un autre modèle que cartonné, par exemple : les Notes de Boulet ou Yves, le roi de la cruise.  Ceci est bien sur ma sorte de traduction des catégories du genre soumises par la réalité américaine et qui est parfois dure à expliquer vu qu'un des sous-genres porte le même nom que le genre principal. Cette distinction ne réside pas dans la linguistique, car pour moi une histoire de super héros est un comics. Ceci dit, il vous sera plus appréciable de comprendre mon raisonnement quand je parle de ce genre dans mes critiques.  
-Un simple clic pour agrandir les images- 




Critique :
 J'avais beaucoup aimé la lecture du roman graphique La petite révolution publiée chez Frond Froid. Récipiendaire du premier concours lancé par la maison d'édition, elle a vu son histoire publiée et rapidement appréciée par le milieu au Québec. Mais cette critique ne parlera pas de ce roman graphique, mais «le à côté» de l'auteure, deux petites bds publiées respectivement en 2011 et 2012. La différence entre La petite révolution  et Les boumeries est majeure, il n'y a aucune ressemblance dans le propos, la forme ou le style de dessin, ce qui est surprenant. Les deux ouvrages  Les boumeries sont des b.ds autofictionnelles tirées du blogue de l'auteure où elle raconte des événements de sa vie quotidienne. C'est en fait toute la force des scénarios qui rend les petites histoires si intéressantes.


 

Le matériel qu'elle utilise consiste en son côté geek, ses rêves, ses obsessions, sa vie de couple et son environnement  de travailleuse à la maison, toutes situations qui pourraient  paraître banales au premier abord, mais se transforme vite en petits moments dramatiques ou ludiques. Les références aux jeux vidéos m'ont fait particulièrement rire, car elles renvoyaient à un côté geek qui me rappelait parfois Boulet, un autre bédéiste que j'affectionne beaucoup. Souvent, elle explique aussi les situations, ou les jeux vidéos, pour être certaine que la compréhension soit faite. 




Je crois que comme Boulet, c'est surtout le caractère attachant du personnage avec ses petites lubies qui rendent si intéressantes les b.ds. Le fait que l'obsession pour des toilettes nous soit toujours racontée et qu'elle atteigne même ses rêves rend au paroxysme l'invraisemblable et l'humour de la situation.  Rajoutez à ça la capacité de l'auteure de minimaliser une histoire en trois cases ( généralement) et vous avez le genre de bds que j'adore. 



Vous pouvez la lire ici (en anglais) 
Note du critique 5/5 (j'ai ris encore en la relisant pour la critique.) 



dimanche 17 mars 2013

Mises à mort/ Marchand de feuille



Mises à mort- Suzanne Myre


Suzanne Myre a écrit le roman Dans sa bulle et cinq recueils de nouvelles. Elle a été lauréate du Grand Prix littéraire Radio-Canada et du prix Adrienne-Choquette avec Nouvelles d’autres mères. Contrairement à certains de ses recueils où un même personnage pouvait refaire surface quelques nouvelles plus loin, les histoires sont indépendantes les unes des autres dans Mises à mort. On peut donc baigner dans des univers variés où l’on nous sert l’intimité d’une personne et ses réflexions aussi drôles, sombres ou touchantes soient-elles. On vise l’authenticité et les formulations sont superbes.

(…) le temps que maman revienne de l’hôpital où elle s’est fait opérer pour se faire « tout ôter » comme elle le dit. Je me demande bien de quoi elle aura l’air à son retour, s’il ne lui reste plus rien.

L’auteure pointe les travers humains avec bonheur et n’épargne ni les adultes ni les enfants. Dans l’extrait suivant, une petite sœur est jalouse de la nouvelle blonde de son grand frère.

Je lui ai dit qu’elle ressemblait à Kate Moss, elle a répondu en souriant qu’elle se demandait si c’était un compliment. (…) Arnaud m’a envoyé un haussement de sourcils furieux, alors j’ai dit que bien oui, voyons, Kate Moss était parfaite même si légèrement anorexique et droguée et j’ai encore eu droit au coup des sourcils.

Le titre souligne l’exploration de la mort sous diverses formes : celle d’un proche, d’un chat, d’une voleuse hypnotiseuse, d’un cycliste, d’un amour impossible, etc. On passe du malaise au rire grâce à une écriture habile et surprenante. La signature de l’auteure : un regard cynique et un réalisme dans les relations interpersonnelles qu’elle dépeint. Malgré le titre et la couverture ensanglantée, le recueil fait sourire bien plus souvent qu’il attriste.

Note de la critique : 4/5

jeudi 14 mars 2013

Glorieux Printemps/ Pow Pow



Glorieux Printemps 1 et 2 






Résumer de l'éditeur tome 1 : 
Émilie n’a d’yeux que pour la nuque de Raphaël, mais c’est plutôt l’excentrique Antoine qui la suit partout. Pendant ce temps, Micheline est folle des beaux mollets de son âme sœur, et Mathieu observe de très loin la trop parfaite Andréanne. Bref, vous voyez le genre.

Résumer de l'éditeur tome 2 : 

La fin de l’année scolaire approche. Émilie s’imagine tranquille dans son emploi d’été. Ce qui ne sera le cas ni pour elle, ni pour Micheline. Et contrairement à Antoine, Mathieu ne sait pas ce qu’il veut. Bref, on pensait s’ennuyer.
L'auteur :
Sophie Bédard vient de terminer un DEC en graphisme, et s’est fait refuser à l’université où elle voulait aller. Elle a donc décidé de, tiens, prendre une année sabbatique pour réfléchir à son avenir. Sauf que là, à la place, elle perd son temps à faire de la bande dessinée.
Critique : 

Pendant ma semaine de relâche, j'ai pu enfin lire la dernière sortie de POW POW Glorieux Printemps; au même moment où l'auteur est dans les nominations aux Bédéis Causa 2013.
Il fait du bien de voir une histoire d'adolescent au Québec qui se passe réellement dans une école. Plus souvent, il me semble, les histoires sur les étudiants se passent généralement dans les pauses ou les vacances d'été; en tête il me vient Scott Pilgrim et Blankets. Alors que là, nous fréquentons la dure réalité des examens, des études de math 436, des jobs d'été et des kicks passagés.  

C'est dans le langage d'adolescent-e-s d'aujourd'hui et avec des dessins épurés que  Sophie Bédard  nous apporte à la fois de l'humour et un brin de cynisme sur les relations qu'on entretien à cet âge. Âgé de seulement 21 ans, l'auteur rend avec justesse le milieu scolaire qu'a vécu ma génération. Elle le fait sans clichés n'y exagérations, et s’il y en a, elles ne sont pas d'une énormité flagrante.   


En lisant ces deux bds, nous aimons rire de nous et de notre passé d'adolescent-e. Le dialogue bien placé, et ne tenant souvent qu'à quelques mots , nous fait rire et nous accroche rapidement. Ce que j'ai surtout aimé c'est que l'auteur n'a pas peur d'user de référents modernes comme facebook, ce que des fois les auteurs rebutent. 

Une bonne lecture de vacance.  

Qui dit qu'il n'y a rien en bd au Québec? 



dimanche 3 mars 2013

La Célibataire/ Michel Lafond


La Célibataire India Desjardins et Magalie Foutrier



On connaît India Desjardins pour sa série jeunesse Aurélie Laflamme et aussi un roman de chick-lit Les aventures d’India Jones. Magalie Foutrier est une illustratrice française qui œuvre pour la presse et la publicité. Une bonne équipe pour représenter le décor urbain, le côté limite superficiel et la candeur du personnage trentenaire. Les dessins du genre magazine féminin sont fort jolis, et les expressions des personnages en disent long. Il arrive même qu’on trouve des gags uniquement visuels.

La BD se lit vite, on ne s’ennuie pas une seconde. Il y a généralement un gag par page, mais parfois davantage. On aborde quelques clichés comme la consommation de crème glacée ou l’ouverture difficile de pots, n’empêche qu’il y a aussi de sacrées trouvailles. Les malentendus entre la célibataire et son docteur dreamy sont tordants. Les comparaisons douteuses entre un rendez-vous galant et une entrevue ou bien un western et une rupture sont rigolotes aussi.

La célibataire n’est pas juste fine et naïve, elle a aussi une bonne dose de mauvaise foi et sa vie est pleine d’ironie. Autant, elle ne veut pas être une victime et tente de profiter de son célibat au maximum, autant, elle flirte à qui mieux mieux dans les gyms et se tient dans le même bar que son ex pour lui montrer à quel point elle rayonne sans lui.

Ici, un extrait d’une rêverie qu’elle a au gym, pensant que si elle s’entraîne assez, son ex lui dira : Wow! T’es super belle! Est-ce que tu t’entraînes? Et elle de lui répondre : Non, j’ai toujours été comme ça, c’est juste que tu ne t’en rendais pas compte!

Lors de la Saint-Valentin, elle nous confie son truc pour le pas déprimer. Il suffit d’appeler une amie en couple, qui nous parlera de sa sortie au resto pour l’occasion. Vous lancez d’un ton surpris/snobinard : « Quoi?! C’est la Saint-Valentin aujourd’hui? Je ne savais pas que tu fêtais çââââ?! C’est tellement quétaine et commercial! »

India Desjardins a le sens du punch et sait se moquer du célibat avec brio. Magalie Foutrier a le dessin simple, précis et percutant. On rit de la célibataire, puis on s’identifie un peu à ses niaiseries et on rit… de soi-même. 

Note de la critique : 4/5

lundi 25 février 2013

Après le printemps/ Essai Libre-Poètes de brousse.



La lecture de cet essai est plus que pertinente en cette période où la légitimité et l'utilité du sommet sur l'éducation sont remises en cause. Avant tout chose, je tiens à spécifier que j'ai eu un doute en voyant le titre. Fervent militant de la cause étudiante, je ne considère pas le débat terminé avec l’élection du PQ qui n’a rapporté que des fausses promesses électorales et cafouillages.

Cependant, la réflexion que porte cet essai ne me semble pas très profonde et ne démontrer pas une connaissance vraiment approfondit de l'historicité des débats étudiants. Témoin de la langue de bois du gouvernement libéral, l'auteur soulève de bons points de ce débat et pose de bonnes questions pour le futur québécois en matière d'éducation.

- Est-ce qu'on ne devrait pas parler du fonctionnement des universités au lieu du financement?
-Où va véritablement l'argent?
-A-t-on vraiment besoin d'argent ?
-Qui en profite réellement?

Des questions qui m’apparaissent évidentes de se poser et qui ne me semblent pas nécessaire à l'écriture d'un essai complet.

Je trouvais aussi que la constitution de cet essai est trop près du mouvement de grève du printemps dernier sans tenir compte des deux ou trois ans de revendications antérieurs.

Bref, je conseillerais plutôt un essai comme Université Inc pour une plus grande réflexion sur la problématique actuelle.

Note du critique
2/5



mardi 12 février 2013

Mon amoureux est une maison d’automne/ les 400 coups


Mon amoureux est une maison d’automne


Mara Tremblay est d’abord auteure-compositrice-interprète, ceci est son premier roman. La chanteuse a bravé les tabous pour parler de sa maladie mentale publiquement : elle est bipolaire à cycles rapides. Elle aborde ce thème dans son livre, mais aussi ceux de la maternité, des amours compliquées, du deuil d’une mère et de la création artistique. La trame de fond : les saisons, ses ressentis, des ambiances familiales. Le personnage principal se nomme Florence et c’est une peintre.

L’écriture est minimaliste, les chapitres sont courts, les phrases aussi. Le vocabulaire est accessible à tous. Au début, cela semble aéré, prometteur, puis on s’en lasse. Comme si la prose flirtait avec la poésie avec plus ou moins de succès. La même structure revient, alourdit le propos. Un appel à la simplicité ou une rédaction trop rapide?

Faire une sieste.
Reposer corps et esprit.
Reposer.
Repos.

Le tout aurait pu être resserré par moments sans perdre de sa saveur. Le roman est construit un peu à la manière de confidences, de journal intime. Il est écrit à la première personne. Cependant, on ne fait qu’effleurer les situations. On les devine par les impressions qui nous sont dévoilées, mais l’histoire est fragmentée et désordonnée. Deuil de la mère, grossesse, vie de couple, vie de famille, inceste, tout cela se chevauche et s’embrouille.

Le style d’écriture est très sensuel. On nous décrit des couleurs, des odeurs, l'automne, l'amour. C’est aussi un appel à réduire son rythme de lecture et respirer pour bien apprécier ces tranches de vie : une lecture un brin méditative. On suit Florence dans ses trips et dans ses tripes.  

Métier intense et enivrant.
Pas une cenne, plein de cennes, plein de temps,
plus de temps.
Plein de monde, solitude.

Finalement, c’est un peu un recueil de poèmes déguisé en roman. Il y a de belles pensées, mais elles s’éparpillent. Il y a de bons sujets, mais on ne les explore pas en profondeur. L’attention est captée, les émotions sont là et pourtant, on reste sur notre faim. On lit de façon contemplative ou on passe son chemin.

Note de la critique: 3/5

vendredi 1 février 2013

Volière/ L'écrou


Résumé de l'éditeur
Volière c’est désirer que la vie flamboie, c’est voleter entre le sombre et la lumière, l’impudence et la délectation, le laid, le beau, le vrai, le faux; ne pas trop savoir où se poser et prendre des becquetées de tout, sans distinction. Parce qu’il faut scruter à fond pour dégoter des volées de mondes insoupçonnés, les poèmes ont un oeil braqué sur les cieux et l’autre sur la table.


Introduction 

À la différence de Foglia, le recueil de Dumont n'a même jamais touché à ma table de chevet; je l'attendais depuis trop longtemps pour ça. Certains pourraient croire qu'il y a eu beaucoup de critiques sur ce recueil, et qu’il est ainsi décentralisé du but éditorial de Prose diesel. Or, la poésie reste toujours et encore oubliée dans le domaine de l'édition au Québec. Donc, je me fais plaisir. 


Critique 

Frédéric Dumont fait preuve dans son recueil Volière d'une économie de mots sans pour autant minimiser les images transmises.


la voisine
accroche son linge sur la corde

Je me cache sous le mimosa de sa jupe
Chaque fois qu'elle sacre

je dépose ma voix dans la sienne.


Souvent très proches du haïku, les courts poèmes attaquent les scènes de la vie quotidienne avec un certain cynisme et une lucidité qui fait du bien ou qui dérange. En ce recueil, j'ai retrouvé un peu de ce qui me plaît dans le style de Daniel Leblanc Poirier. 

Un mélange de la vie crue de Montréal dans un langage que seule la poésie peut prendre.   

Au bar 

les serveuses sécuriseront 
notre passage vers l'aube;

la plus laide mangera la plus belle.


De ce style, Les Méconnus en disent ceci: «Des poèmes qui tracent, à coups de vers courts, de phrases pas compliquées, de syntaxe pas souvent massacrée, le portrait d’un monde où tout se renverse, pas pour le fun de montrer son envers, mais pour qu’on le regarde pour de vrai, pour une fois. Ça marche avec les choses, avec les événements, mais surtout dans la parole.[...] Dumont opère une sorte de découpage ludique dans la langue : prend une catachrèse, la revire de bord, regarde quesse ça donne. [...] Ça donne surtout un univers où tout est possible, voire où tout peut être beau. »

P.s: les illustrations sont très jolies

Note du critique : 4/5 

mardi 29 janvier 2013

Critiques diachroniques 01

Étant donné ma session qui recommence et ma passion pour lire des livres qui sont parus depuis quelques années ou qui ne sont pas nécessairement undergrounds. J’écrirai des petites listes critiques, à quelques moments, dans le but de faire vivre le blogue, continuer de donner des goûts de lecture et souffler un peu en deçà des 400 mots et plus.


Malgrer tout on rit à Saint Henri 
Ce recueil de nouvelles est un petit bijou de rassemblement. Nous sommes dans un nouvel univers à chacune des histoires, encore un peu dans la précédente et curieux de la prochaine on découvre Montréal par les yeux de l'auteur. Auteur qui tente plusieurs techniques narratives, par et exemple des coupures narratives et des références intertextuelles qui a tout les moments sont gagnante. En bref, une très bonne lecture.
5/5
Testament /Vickie Gendreau 
C'est le premier roman de l'auteur, donc il y a quelques faiblesses, mais ça reste dans l'ensemble une très belle publication chez le Quartanier. La façon de diviser les discours narratifs est intéressante et laisse à penser que c'est plus un recueil de monologues qu'un roman. Vers la fin je m'imaginais même une réalisation théâtrale avec une mise en scène un peu trash. Les meilleurs passages, selon moi, sont ceux où elle donne une voix à son frère et à sa mère. Ce qui m'agace le plus c'est le discours paratextuel autour de l'auteur. J'aimerais voir une bonne critique du roman plutôt qu'une entrevue comme celle de Tout le monde en parle.
4/5

La fille du vidéoclub /François Desalliers 
Roman de la maison d'édition Druide, La fille du vidéoclub m'intriguait.Ma mère était hispter en avait déjà parlé, ni trop en bien, ni trop en mal, et j'avais décidé de tenter ma chance. C'est bon. On suit le personnage dans son évolution psychologique auprès d'une femme qu'il ne croit pas mériter. On embarque dans l'histoire, on s'attache au personnage, mais ce n'est pas ça que je recherche dans un livre. Je préfère les trucs d'écritures un peu moins conventionnelles et qui vont me faire rire où réagir. Quelques bonnes pistes sont apportées,comme l'apport des films de cul pour le personnage, mais pas tenu très longtemps. À noter: L'idée d'incorporer un rapport intertextuel avec Baudelaire est une bonne idée et l'écrivain maitrise bien cette poésie. Bien, mais pas marquant pour moi.
3/5

La lune n'aura pas de chandelier/ Daniel Leblanc Poirier
Ce recueil de poésie m'avait déjà convaincu avant même que je l'achète. Je suis un véritable fan de la poésie de Daniel Leblanc Poirier depuis que je l'ai rencontré il y a un peu plus de 2 ans. Son mélange entre l'utilisation d'un lexique recherché et commun donne une poésie alambiquée et incroyable. Cette première publication chez l'Hexagone rappelle la ligne éditoriale mise en place part Gaston Miron. Hey, parler de fellation à l'Hexagone, il faut le faire.« Si j'étais Napoléon Bonaparte/ je ferais sonner trois coups de canon/et je boirais un café avec deux sucres/ parce que l'odeur de la poudre donne soif»
5/5

Mayonnaise 
Étant un passionné de la beat génération j’étais curieux de ce roman qui à comme sujet Robert Brautigan, auteur que je ne connais pas du tout. Malheureusement, Éric Plamondon passe plus de temps à décrire des faits historiques d'autres époques que la vie même de l'auteur. Parfois, les narrateurs homodiégétiques s'entremêlent et on ne sait plus qui est qui. L'écriture se retrouve surtout dans le paratexte et doit s'accompagner de quelques recherches à côté. J'ai plus l'impression que c'est plus un ensemble de fait divers auquel s'ajoute un léger contexte autour de Robert Bratigan.
3/5

mardi 22 janvier 2013

Le jour où j’ai perdu la tête/ Soulières




Jocelyn Boisvert est un auteur jeunesse d’origine sherbrookoise à l’imaginaire bien développé et aux titres accrocheurs. Après Le livre sans histoire, Ne lisez pas ce livre et Mort et déterré, voici Le jour où j’ai perdu la tête.

Julien a rendez-vous avec Juliette, qui lui plaît beaucoup. Entretemps, sa vitre d’auto lui sectionne la tête. Mais ce n’est pas tout, cette tête reste en vie et le corps aussi, sauf qu’étant déconnectés, ils font chacun à leur tête. Voilà le genre de jeu de mots dont est truffé ce roman aux péripéties amusantes.

Les errances de la tête et du corps de Julien sont surprenantes. Les gens, certains bienveillants, d’autres moins, ont des réactions variées devant la vision tronquée qui s’offre à eux. Sur l’illustration de la couverture, des filles rient du corps et le prennent en photo, alors qu’à l’intérieur du rabat, la tête baigne dans une flaque d’eau. Cela donne efficacement le ton : une comédie surnaturelle. Il y a aussi un élément romantique puisque le héros mal en point s’inquiète de rater son rendez-vous galant.

Parmi les péripéties, un policier posera la tête de Julien sur le trottoir après des remontrances absurdes parce qu’elle était hors la loi en demeurant dans la rue. J’étais dans la rue et, maintenant, je fais le trottoir!, ironise Julien. Chez les zélés, une mémé sénile prend la tête pour un animal domestique. Un clochard, quant à lui, souhaite revendre la tête après l’avoir dénichée dans une poubelle. Le corps sera entre autres recueilli par Juliette, qui le traitera comme un handicapé, n’ayant pas idée qu’il s’agit de son ami, méconnaissable sans tête.

Les personnages sont rigolos et attachants, l’ensemble est imprévisible. La structure faite d’un chapitre sur la tête, puis du suivant sur le corps, crée un rythme soutenu. La scène où le corps croise la tête, qui tente de l’appeler, est fascinante. Son pied me rentre dans la bouche, ce qui me fait piquer du nez (si je puis dire). Une chose est sûre, il faudra que je pense à me laver les pieds. Et les dents! Un divertissement de qualité pour toute la famille.
Note de la critique 4/5

jeudi 17 janvier 2013

Pinkerton/ la mauvaise tête




Résumé de la maison d'édition: 
Deux amis nouvellement célibataires, cuvant leurs échecs communs, découvrent que leurs déboires ont quelque chose à voir avec leur affection nostalgique pour la musique des années 1990. Un album de cette époque retiendra particulièrement leur attention. Viendront-ils enfin à bout de son influence néfaste? 


Pinkerton était déjà un grand succès de la microédition. 
C’est surtout une comédie douce-amère sur l’amour, la musique et les soirées bien arrosées qui finissent autour d’une poutine. Nouvelle postface de Nicolas Tittley. 

176 pages, noir et blanc. Sortie en librairie novembre 2012.  



Critique:


Il peut paraître osé de dire que Pinkerton est déjà un succès de la microédition, mais diantre, ils ont raison. À sa deuxième réédition et réimpression après quelques mois, ce roman graphique a fait des vagues. 

L'histoire, c'est deux gars qui tentent de redéfinir leur conception de l'amour et des relations, après une rupture, en sous-tirant les concepts identitaires des chansons de l’album Pinkerton de Weezer. Ils le font un peu avec sérieux, un peu par humour, beaucoup par déculpabilisation et certainement avec amour des concepts vagues qu'apporte la musique des années 90. Un livre qui porte un discours essentiellement masculin sur les peines d'amour et les relations amoureuses. 









Est-ce qu'il faut être un connaisseur de Weezer pour apprécier l'album? Absolument pas. Je n'ai pas la prétention de dire que je le suis et je n'ai jamais vu mon plaisir de lecture bafoué. En être un m'apparaîtrait même gâcher un peu le plaisir tellement les analyses des personnages sur les intentions du chanteur sont ludiques. Un trop grand fan verrait même un peu de mal le plaisir qu'ont les deux auteurs à simplifier certains concepts des chansons pour les adapter à leur situation. Non, l'avertissement que je mettrais: c'est que le texte des chapitres est dur à comprendre pour un lecteur qui n'est pas initié à la rhétorique, le cynisme et les critiques sociopolitiques. 


Le discours critique porté sur la politique, l'éducation ou la vie en société prend parfois  la place du sujet principal, par le biais de petits moment ludiques qui sont camouflés par le biais des discours sur les relations amoureuses.  Par exemple, où il est noté  que nous pouvons relire un chapitre en changeant le mot canard pour Canada. 

Le dessin minimaliste peut rebuter au départ, mais s'apparaît rapidement être d'une justesse du détail graphique incroyable. Un espace emphatique est toujours laissé à l'objet, le concept de pensée ou le personnage qui est mis en valeur, déclenchant ainsi toujours l'effet émotionnel escompté.

Comment ne pas rire à l'image du canard pointé comme fautif du drame relationnel d'un individu?

Rire, je l'ai fait tout au long de l’oeuvre de François Samson-Dunlop et d'Alexandre Fontaine Rousseau en voyant ces deux personnages qui finalement barrent des chansons pour un oui et un non sans rien apprendre véritablement.

note du critique 5/5

L'album complet de Weezer : 

dimanche 13 janvier 2013

Jésus, Cassandre et Les Demoiselles/ Druide

                                

Résumé de l'éditeur: Jésus, Cassandre et les Demoiselles, quarante nouvelles, une galerie de personnages, une suite d'incidents grossis à la loupe et un fil conducteur les éclaboussures provoquées par les blessures de l'enfance. Quarante nouvelles, dix cercles fermés où s'entrechoquent plusieurs visions d'un même début de vie chaotique.

L'auteur :
Emmanuelle Cornu, montréalaise de naissance et d'adoption, enseigne à la maternelle depuis 13 ans. À l'aube et au crépuscule, entourée de sa femme et de ses chats, la prof cède la place à l'écrivain, histoire de se trouver... et de se retrouver. Jésus, Cassandre et les Demoisellesn'est que son premier livre... heureusement pour nous !

Critique: 

Indéniablement, le livre est beau. La peinture de Jacque Payette à l'encaustique donne une profondeur à la première de couverture qui est incroyable. Profondeur qui malheureusement ne se retrouve pas complètement dans ce recueil de nouvelles.  Ce n'est pas que je n'ai pas aimé le livre, mais plus qu'il m'a déçu.

Le contrat de lecture avec la première de couverture et le titre me faisait espérer quelque chose de dérangeant, un univers qui porte un malaise au lecteur, une certaine tristesse, mais non, rien de tout ça. 
Les trois noms du titre ne se retrouvent que dans trois nouvelles et tour à tour dans les 10 parties de l'oeuvre. Et c'est tout ce qui se qui unit les quarante nouvelles entre-elles. Le recueil est séparé en  dix  sous parties qui possèdent chacune quatre nouvelles.  

Je mets en doute l'utilité de ces parties qui ne semblent être faites que pour justifier le titre qui lui justifie le lien entre toutes les nouvelles par son énumération.
La sous partie étant nommé avec le personnage de la première nouvelle et une partie du titre. 

Par exemple, la deuxième partie qui se nomme: Eluda-Louisiana et les Demoiselles commence avec une nouvelle mettant en scène un personnage du nom de Eluda-Louisiana avec la quelle se rajoute la partie du titre  Les Demoiselles

Je me suis donc vraiment demandé l'utilité de ces séparations que, pour la plupart, je sautais rapidement, n'apportant rien au discours de l'oeuvre. Une autre disposition aurait permit d'expurger certaines nouvelles qui me semblaient plus faibles et de resserrer le recueil dans un univers bien net. 
Plus petit, ce premier recueil de nouvel de l'auteur aurait laissé moins voir certains tics d'écriture qui m'ont été fatigants à la longue.
Par exemple le fait de toujours répéter le sujet de la nouvelle pour faire avancer la diégèse.

« Manon aime Cassandre. Cassandre est une bonne cliente. Cassandre écoute, Cassandre ne parle pas, Cassandre ne bouge pas, Cassandre ne rouspète pas, Cassandre est polie, Cassandre sourit, Cassandre garde les mains croisées, Cassandre sait être une grande fille. » (p.19) 

« Marianne, Marie-Ève et Marielle partent guerre. Elles ont brulé le drapeau blanc. La fureur les ronge, la violence les submerge. Tout est à recommencer. [...] Marianne, Marie-Ève et Marielle fourbissent leurs armes, aiguisent leurs couteaux. Branle-bas de combat. Les intimités refont surface. La cible ennemie est facile à atteindre. [...] Marianne, Marie-Ève et Marielle le savent, il y aura de nouvelles règles. Du sang neuf. Un vent de changement. Des promotions. » (p.85)

Cette répétition pourrait s'excuser par l'emploi d'un narrateur hétérodiégétique pour le plus souvent des histoires, mais il arrive parfois que cette répétition se retrouve dans les nouvelles, qui sont rares, à narration homodiégétique: 

« J'ai un bureau qui brille. Mes mains y sont posées. Elles sont belles. J'ai le souci de l'esthétisme. Mon bureau est grand. J'aime le caresser. Mes bagues ne le griffent pas. Mon bureau est lisse. Mes ongles sont bien vernis. Mon bureau aussi. » (p.157)

Agissant presque comme un mantra, cette répétition me faisait oublier tout le reste de l'histoire et je ne voyais que le sujet qui souvent n'apportait pas grand-chose dans son emphase. Cependant, quand les répétitions étaient absentes, ou très espacées, je découvrais une écriture intriquante dans des univers naïfs et amusants. Comme dans une nouvelle où une organisation posent, durant la nuit, des mangeoires sur les balcons des 42 deux bâtiments d'une rue. 

 La meilleure nouvelle du recueil reste pour moi celle toute simple du nom de Madame qui est dépourvue de cette figure de style emphatique: 

« Madame l'entrevoir dans la noirceur. S'avance doucement. Dépose ses paquets. Entend sa respiration. Se penche. Touche sa peau. Retire sa main. L'essuie sur son pantalon. Prend son cellulaire. Compose le 911. Hésite. N'appuie pas sur la touche «enter». Dirige la lumière de son téléphone vers la jeune femme.  Promène le faisceau sur son corps. » (p.25) 

Cependant, je reconnais aussi qu’à certains moments, les répétitions sont bien incluses, et ajoutent aux nouvelles (Reconnaître madame D. à la courbe de ses mollets et En cherchant ton bouton gris, tu as trouvé un gant de vaisselle), mais dans l'ensemble du recueil cette stylistique de Emmanuelle Cornu déconcentre.  

Ainsi, un resserrement autour de l'oeuvre aurait été bénéfique et aurait mieux accompagné le discours paratextuelle; qui est vraiment une force de cette nouvelle voie éditoriale de Druide.   

Note du critique :3/5