mardi 21 mai 2013

Épique/ éditions marchand de feuilles


Le premier roman de William S. Messier, originaire de Cowansville, était Townships, en 2009. Le deuxième, Épique, c’est du bonbon. Étienne, blasé de son emploi où il scanne des items dans un entrepôt pharmaceutique, quitte son travail en emportant avec lui le gant lecteur de code-barre. Il essaiera de connaître l’essence des choses à l’aide du gant tout au long de cet été où il sera embauché comme assistant-équarrisseur pigiste (ramasseur de charognes) dans la région de Brome-Missisquoi. Par exemple, une note du centre d’emploi scannée indique 120 ml de Pepto-Bismol. Plutôt amusant comme procédé.

Étienne devra apprivoiser Jacques Prud’Homme, son collègue, une légende locale plutôt intimidante. Dans l’économie de rasage de mourir, un gars comme Prud’Homme serait multimilliardaire. Ce qui est vrai à son propos, on n’en est pas certain, ça fait partie du folklore local. Le sujet est original puisqu’on aborde un métier peu connu qui nous permet de découvrir le territoire et ses héros ordinaires. On oscille entre le récit et l’imaginaire, comme avec le gant qui peut scanner les êtres vivants ou les légendes sur les exploits de Jacques Prud’Homme.

Les jeunes adultes sont attachants, naïfs et excentriques. Les dialogues philosophiques geek entre Étienne et son amie Valvoline (costaude et non grosse, précise-t-il) sur la préférence entre le pouvoir de voler ou celui d'être invisible sont rigolos. Étienne fait aussi souvent allusion à la théorie de la relativité d’Einstein pour tenter d’accélérer le temps dans les moments ennuyeux. C'est truffé de belles réflexions absurdes.

Le sens de la dérision de l’auteur fait tout l’intérêt du livre. Par exemple dans cette visite chez Sanimal, une entreprise qui trie les carcasses chez laquelle Étienne et Jacques vont porter leurs trouvailles :  Les quelques employés qui sifflotaient l’air de «Oops! I Did It Again» en triant les carcasses (…) ne pouvaient être que des psychopathes.

Étienne déteste qu’on lui demande ce qu’il veut faire dans la vie, par contre, il prend son rôle d’équarrisseur très au sérieux lors de cet été où un nombre incroyable de carcasses doivent être ramassées le même jour et où la pluie dure cinq longues semaines. De là le titre Épique. Une lecture rafraîchissante pendant laquelle le sourire s’agrandit au fil des pages.

Note de la rédactrice: 4/5